vendredi 6 avril 2018

Thierry Lagalla, "L'esperiença plata 3 (A l'ombre des pâquerettes)"




Quand Lagalla fait du Lagalla, il ne lui manque qu'un autoportrait en fraise Tagada. Ainsi revisiterait-il encore et encore son histoire de l'art ,en images, pour illustrer les mots d'une histoire drôle. Car il y a bien du dérisoire dans cette mémoire des œuvres qui se dispute aux mots qui les recouvrent.
Thierry Lagalla est l'artiste de ce discours où le désenchantement s'accorde à une forme de voracité gourmande pour engloutir tout ce que, de l'art ou du réel, elle absorbe. De l'art et du cochon, pourrait-on dire aussi tant ceci sent le saucisson, la gouaille et la ripaille. Il dessine et peint dans une truculence rabelaisienne cette histoire de l'art avec ces mots si absents en surface mais tellement prégnants qu'ils signent une œuvre. Irréductible à son seul contenu, celle-ci relève surtout d'une performance dont elle est la trace.
 Aussi cet humour, cette distance ironique qu'il instaure avec le monde peuvent-ils se lire comme une méditation inquiète sur l'art, sa consommation et ce qui en résulte. La bouffe ponctue cette bouffonnerie, la charcutaille dégouline de sens et entre en collision avec de subtiles réflexions sur l'asperge de Manet, sa souple rectitude et  son déplacement d’une œuvre à une autre. Ou bien un vase du même Manet se voit-il amputé de ses pivoines et c'est alors ce vide qui dévoile l’œuvre du peintre. Lagalla se livre à une relecture de l'art et du monde, à sa transcription parodique, mais aussi ambiguë dans son apparente neutralité. Le dessin est, littéralement, à la pointe de cette réflexion. Pointe d'ironie qui ne rate jamais sa cible.

Espace à vendre, Nice
Jusqu'au 12 mai 2018



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