mercredi 15 mars 2017

Vivien Roubaud, "Pollen de peuplier, soufflerie, 100 mètres cube d'air, 220 volts."

Galerie des Ponchettes, Nice




Il faut parfois se mettre en retrait du monde, éprouver cette grâce d'être saisi par la révélation de l'inutilité des choses, cette distance qui conduit à une forme d' « extase  matérielle » ,telle que la définissait Le Clézio dans son livre éponyme :  «La beauté de la vie, l'énergie de la vie ne sont pas de l'esprit, mais de la matière». Pourtant de cette expérience sensible, nous en ressortons spirituellement purifiés et Le Clézio ajoute : « Il y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l'homme est exact.»
Cette exactitude, il arrive néanmoins qu'elle se fracasse et se redéfinit, comme toute certitude, par les rets de l'imaginaire et dans une poétique de la reconstruction. C’est là que l'artiste intervient et, plus précisément Vivien Roubaud, lorsqu'il élabore un processus de création cohérent, fonctionnel mais dépourvu de toute pensée utilitariste. Il ne s'embarasse pas de longues digressions écologiques, aussi moralisantes que vaines , mais il tranche dans le vif et met en place un dispositif de bricolage onirique qui singe les technologies productivistes.
Vivien Roubaud s'empare d'un lieu, ici la Galerie des Ponchettes, pour élaborer un théâtre déshumanisé où d'autres règles président à l'idée de création et à l'action de construire. La poésie par exemple, par la présence d'un espace sensoriel dans lequel nous sommes immergés et qui nous relègue, loin, dans la brume dorée de l'enfance quand l'artiste invente, à partir de matériaux industriels récupérés, un dispositif pour déployer des nuées de filaments de barbe à papa. Le discours du rêve, le détournement des fonctions de l'objet par  l'ironie, suffisent à produire ce qui serait une forme contemporaine de « vanité ». L'artiste s'amuse à déjouer toutes les règles et joue du contingent et de l'accidentel ; il convoque le hasard et découvre de nouvelles lois toutes aussi inutiles qu'incertaines.

Cet univers hybride et fuyant habite viscéralement le lieu qui l'accueille ; il nous place, avec humour et de façon distanciée, dans un environnement qui  nous transporte loin de toutes ces strates de la consommation qui se surajoutent au point de nous étouffer. Ici, place à l'enfance, au jeu, à l'expérimentation et à la découverte. Ici, place à l'émerveillement et  l'artiste est roi.
M.G

Du 11 février au 28 mai 2017

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